jeudi 3 décembre 2009

Il y a un an...

Il y a un an, Jean, tu étais mourant...

Ton silence, ta douleur...
Sans adieux...
Ton choix...

Une année entière, douleur, désespoir, ton absence

La douleur est si violente
De l'acide sur le coeur

La source des larmes inépuisable
Un puit sans fond
Creuse, creuse la terre
Fragilisée, fertilisée...

L'amour

Ton amour, ton être, ta tendresse, ta sagesse
Ta sensibilité, ta démesure d'artiste
Tes ambiguïtés, tes mensonges

Tes strates multiples, tes sifflottis joyeux
Tes rires d'enfant

Ton courage, ta pudeur
Ta force, ta noblesse

Par-dessus tout, ta présence à moi,
Cette comprehension de l'âme, du coeur
La chaleur de ta voix, tes mots pour moi,
Ma douce, mon ange, ma dune, ma doudounette,

Ma femme

Je les entends encore et ils me font pleurer...

Un an de solitude
Je vis derrière la vitre

Je souris aux patients, j'écoute, je réconforte
Je ris avec les enfants

J'accueille une petite chatte abandonnée
Elle m'accapare,
je suis, je suppose, une géante nourricière
pour manger et dormir et jouer

Je t'imagine, avec ta chaleur unique
Ta bonne odeur de cèdre et de résine

Sourire et l'accueillir, au creux du bout du lit

Mon âme et mon coeur sont malades
J'ai l'impression d'être ailleurs
Dans un monde tout gris

Un monde d'ombres au-delà de la vie

Je vis au milieu de nulle part
Dans une tour d'ivoire

Comme des os blanchis

En attendant d'y voir...
D'y croire...