Il y a un an, Jean, tu étais mourant...
Ton silence, ta douleur...
Sans adieux...
Ton choix...
Une année entière, douleur, désespoir, ton absence
La douleur est si violente
De l'acide sur le coeur
La source des larmes inépuisable
Un puit sans fond
Creuse, creuse la terre
Fragilisée, fertilisée...
L'amour
Ton amour, ton être, ta tendresse, ta sagesse
Ta sensibilité, ta démesure d'artiste
Tes ambiguïtés, tes mensonges
Tes strates multiples, tes sifflottis joyeux
Tes rires d'enfant
Ton courage, ta pudeur
Ta force, ta noblesse
Par-dessus tout, ta présence à moi,
Cette comprehension de l'âme, du coeur
La chaleur de ta voix, tes mots pour moi,
Ma douce, mon ange, ma dune, ma doudounette,
Ma femme
Je les entends encore et ils me font pleurer...
Un an de solitude
Je vis derrière la vitre
Je souris aux patients, j'écoute, je réconforte
Je ris avec les enfants
J'accueille une petite chatte abandonnée
Elle m'accapare,
je suis, je suppose, une géante nourricière
pour manger et dormir et jouer
Je t'imagine, avec ta chaleur unique
Ta bonne odeur de cèdre et de résine
Sourire et l'accueillir, au creux du bout du lit
Mon âme et mon coeur sont malades
J'ai l'impression d'être ailleurs
Dans un monde tout gris
Un monde d'ombres au-delà de la vie
Je vis au milieu de nulle part
Dans une tour d'ivoire
Comme des os blanchis
En attendant d'y voir...
D'y croire...
Agitation printanière
Il y a 6 jours